La résilience, comme la bienveillance ou la proximité, fait partie des chants joués dans notre langue en ce temps incertain qui a besoin de ces mots concepts auxquels les sens les plus variés sont donnés. Ils sont le fruit des contextes multiples d’une époque disjointe et fracturée qui nous les fait vivre et affronter.
Être résilient, nous a dit notre Président, c’est résister. Des experts économiques vous diront eux, c’est rebondir. “Reboot” sera l’anglicisme choisi par l’univers de la communication. D’autres diront à titre personnel, c’est redémarrer, réparer ou survivre. Le survivalisme est un des concepts à la mode. Voilà que – par ces deux derniers verbes plus sensibles et douloureux – réparer et survivre, on sent poindre une constante : la résilience se met en mouvement quand il y a choc, trauma, crise (sanitaire ou pas) souffrance, bataille à livrer et qu’il faut du courage pour dépasser, pour résister !
Ensuite, ceux qui ont dû être résilients se métamorphosent et transforment pour se restaurer ou refonder. Cette refondation rejoint souvent le chemin du changement, de la “recréation” d’un lien social autre. De la recréation de soi. Pour certains, recréer est donc un mot cousin de la résilience.
On constate que décidément, les synonymes n’existent pas et que chaque mot possède ses forces et ses blessures, son histoire.
Et ce corpus des mots des médias, véritable boussole sensible du monde, nous le confirme. Une fois le sens de l’essentiel réaffronté, dans le monde d’après, après le choc, on peut aller jusqu’à se réinventer, jusqu’à la rédemption. Plus loin même que la métamorphose. On a franchi ! On s’affranchit !