C’est un mot riche, il est dit et vécu dans les entreprises françaises les plus connues.
Diversité signifie au départ la diversité des espèces et du vivant. La diversité est reliée au pluriel. La diversité pourrait être une multiplicité généreuse et chaleureuse qui réunit un ensemble de personnes qui diffèrent par leur origine sociale, culturelle, sexuelle, religieuse.
Dans la société française, la diversité est un mot fort, comme la responsabilité, la proximité, la transparence. Un mot d’époque, noble.
Si la différence peut être définie par « ce qui est écarté », la disparité, elle, peut se définir comme « ce qui n’est pas pareil ». A l’inverse, la diversité est tournée vers une multitude de côtés, vers le pluriel.
Ce mot répare les fractures de la société. Cherche-t-il à lutter contre les violences, les racismes? Sans doute. Il vient exorciser bien des pulsions sombres qu’il faut chercher à dépasser.
La première charte de la diversité apparaît en 2004 grâce à deux présidents de grandes sociétés. Il s’agissait de prendre en compte le respect de la diversité des effectifs au sein des entreprises. Un rapport avait en effet été publié par un Institut qui parlait des oubliés de la République ! Au départ, il s’agissait donc d’équilibrer les effectifs dans les grands groupes. Grandit alors cette notion de « diversité ».
C’est un mot dense qui porte en lui de nombreux autres mots. Chez Orange entreprise, on parle de diversité et d’égalité professionnelle. Chez SNCF, diversité est associée à inclusion.
Ce mot grandit et s’associe sans cesse à d’autres notions pour capitaliser bien d’autres concepts et initiatives depuis qu’en 2004, trente-trois entreprises pionnières ont promu cette idée.
En 2008, l’Association nationale des Directeurs de Ressources Humaines a créé un « label diversité » qui confirme le nouvel objectif majeur de la diversité, celui de lutter contre les discriminations. Désormais l’égalité des genres est entre autres prise en compte dans le mot diversité.
Dans un temps de l’actualité où homophobie, xénophobie, extrémismes religieux sont chaque jour présents au travers d’événements violents, on est peu surpris que les entreprises montent en première ligne pour inspirer et faire vivre la diversité sous toutes ses formes. De la parité à la prise en compte du handicap, de l’égalité des chances dans l’entreprise à la lutte contre toute discrimination, la diversité embrasse large.
Les entreprises sont désormais engagées. C’est un must car c’est une exigence de leurs publics, notamment de leurs jeunes publics. Elles font face à des enjeux de société lourds et des sujets politiques délicats. En étant concrètes et agissantes, en offrant des façons d’avancer, les entreprises militent et essaient de rendre la diversité possible. « Engagé » a d’ailleurs été un des adjectifs les plus prononcés cette année !
Des marques d’alcool, des marques de maquillage vont soutenir les communautés LGBT. Des marques de pulls ou de sport mondialement connues luttent contre le racisme et promeuvent la diversité.
Le mot est polysémique. Et il va souvent porter aussi en lui l’inclusion numérique. Ainsi, Anthony Babkine, fondateur et dirigeant des diversidays a publié en 2020 un rapport, à la demande du ministère de l’Economie et des Finances, pour promouvoir un numérique inclusif. Dans son rapport, « faire du numérique un accélérateur de diversité », il rappelle que pour accélérer la diversité, le numérique est essentiel car il aide à faire bouger l’ascenseur social.
Pour ceux qui promeuvent la diversité, elle est un objectif exigeant et élevé. Mais elle est une valeur forte et Saint Exupéry nous le rappelait en écrivant « je crois dans la force et la richesse de la diversité ».
Il y a des mots qui s’estompent comme « déontologie », « qualité totale », « mobilité » ou « transparence ». « Diversité », qui pourtant n’est pas un mot récent, ne cesse de s’imposer. Pierre Joliot Curie disait que « le progrès naît de la diversité des cultures et de l’affirmation des personnalités ». Le pluriel, on le voit, n’empêche pas le singulier. Un poète français a même suggéré de remplacer « liberté, égalité, fraternité » par « liberté, diversité, solidarité » !
Avec le digital qui installe des frontières immatérielles, avec des échanges de savoir continus, avec une planète en conversation constante, on ne pouvait qu’espérer que ce mot, qui conjugue et réconcilie les cultures, s’impose.
Jeanne Bordeau #MadameLangage, chronique dans le grand matin du week-end SudRadio avec Philippe David, 6 février 2021